YANN TIERSEN

YANN TIERSEN

Yann TIERSEN – Dernier LP en date : « Skyline »

Skyline est le septième album-studio de Yann Tiersen et suit les traces de Dust Lane, sorti en 2010. Il a été enregistré en grande partie dans la petite maison battue par les vents de Tiersen, sur l’île d’Ouessant, ainsi qu’à San Francisco et Paris. Un mixage final avec le producteur Ken Thomas (Sigur Rós, M83, Dave Gahan) et l’album a été achevé à Leeds.

Si Dust Lane était une transition, Skyline marque vraiment l’arrivée de Tiersen et son groupe dans cet univers musical qu’il commence à habiter si confortablement. Tiersen dirait que ce fut toujours le cas et que ce n’est qu’aujourd’hui que tout le monde s’en rend compte. Sur scène ou terré dans son studio parisien, il est difficile de l’apercevoir derrière sa muraille de synthés vintage (sa première passion) et de guitares électriques. L’album est né au cours d’une année de tournée, seulement ponctuée d’heures interminables passées dans un bus, entouré par sa deuxième passion – les vinyles. Des groupes comme Neu!, Kraftwerk et Can font partie de ses influences de choix.

Tiersen a toujours aimé les collaborations et Skyline ne fait pas exception avec des invités comme Efterklang, Peter Broderick, Syd Matters et Matt Elliot.

Sur le premier single, Monuments, les paroles répétitives, marque de fabrique de Tiersen, méditent sur notre place dans le monde et ces empreintes que nous laissons derrière nous – « tous ces monuments d’hommes, ils coulent en vain ». Enrobé d’un refrain et de guitares chatoyantes, le message n’est plus si sombre, mais plein d’espoir.

Yann Tiersen affûte son esthétique musicale depuis qu’il a appris à marcher. Né en 1970 à Brest, il s’est mis au piano à l’âge de quatre ans, avant de passer au violon à six ans et de recevoir une formation classique aux conservatoires de Rennes, Nantes et Boulogne. Puis, à 13 ans, il décide de changer le cours de son destin, casse son violon en morceaux, achète une guitare et forme un groupe de rock.

Rennes était la ville parfaite pour un débutant. Tiersen a reçu une éducation musicale aux Transmusicales, assistant aux concerts de Nirvana, Einstürzende Neubaten, Nick Cave et les Bad Seeds, les Cramps, Television et Suicide. Quand son groupe s’est séparé quelques années plus tard, il a, au lieu de chercher de nouveaux musiciens, acheté une console de mixage bon marché, un huit-pistes et commencé à enregistrer en solo avec un synthé, un sampler et une boîte à rythmes, scrutant les sillons de vieux disques en quête de boucles et de cordes orchestrales à piller.

La clé de sa nouvelle approche se trouvait dans son propre passé. « Un jour, je me suis dit, au lieu de passer mon temps à faire des recherches et écouter des tonnes de disques pour trouver ce qui ressemble au son que j’ai en tête, pourquoi ne pas réparer ce putain de violon et m’en servir ? » Pendant l’été 1993, Tiersen s’est enfermé chez lui, enregistrant seul avec une guitare, un violon et un accordéon, guidé, non pas par le canon classique, mais l’intuition et sa vision d’une « anarchie musicale ».

« Vivons dans un monde sonore énorme que nous pouvons utiliser de façon aléatoire, sans aucune règle, dit Tiersen évoquant sa vision. Jouons avec le son, oublions les connaissances et la maîtrise instrumentales et n’utilisons que l’instinct, comme l’a fait le punk. »

À la fin de l’été 1993, Tiersen avait enregistré 40 morceaux, qui formeraient le plus gros de ses deux premiers albums. En 1995, La Valse Des Monstres, inspiré par Freaks de Tod Browning et Le Tambourin de Soie de Yukio Mishima, fut le deuxième disque du label de Nancy, Ici, d’ailleurs. Il a été suivi six mois plus tard par Rue Des Cascades, une série de titres enregistrés au piano-jouet, à la harpe, au violon, à l’accordéon et à la mandoline. Six ans plus tard, le disque a été découvert par un public bien plus large quand plusieurs extraits, ainsi que deux originaux de Tiersen, ont figuré sur la bande originale du film de Jean-Pierre Jeunet, Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain (2001).

Le succès commercial de Tiersen est survenu plus tôt, et grâce à lui seul. En 1998, il a enregistré Le Phare dans un isolement auto-imposé sur l’île d’Ouessant, passant deux mois dans une maison qu’il louait. La nuit, il observait le phare du Creach, le plus puissant d’Europe, illuminant les environs. « J’étais ébloui par les rais de lumière du phare révélant des détails cachés du paysage, par la façon dont on peut redécouvrir ce qu’on a devant nous au quotidien en y pointant simplement un éclairage, » explique Tiersen.

Le Phare s’est vendu à plus de 160 000 exemplaires, confirmant le statut de Tiersen, l’un des artistes les plus originaux et novateurs de sa génération et amorçant une série de succès avec, en 2001, L’Absente (en compagnie de l’ensemble orchestral Synaxis, Lisa Germano et Neil Hannon de Divine Comedy) ou, en 2005, Les Retrouvailles (avec Stuart Staples des Tindersticks, Jane Birkin et Elizabeth Fraser des Cocteau Twins). À cette période, Tiersen a aussi fait découvrir sa musique à travers le monde, jouant avec des orchestres et un quatuor à cordes – un moment capturé sur l’album live électrisant de 2002, C’était ici. Et, après le succès du Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, son talent de compositeur fut très demandé et Tiersen a signé les bandes originales de la tragicomédie de Wolfgang Becker, Good Bye Lenin ! (2003) et Tabarly (2008), un documentaire sur le navigateur Éric Tabarly, qui prit son dernier repas sur l’île d’Ouessant avant de trouver la mort en mer d’Irlande.

Compétences

Posté le

12 avril 2012