Benjamin Paulin – « 2 »

Benjamin Paulin – « 2 »

Ceux qui ont écouté d’une oreille distraite son album L’Homme Moderne (2010) ont pu avoir la fausse impression que Benjamin Paulin était juste un sympathique chanteur de plus avec mèche sur le coté et costard en option.
Légères comme des bulles de champagne, ses compositions pop agissaient en trompe l’œil face à des textes volontiers corrosifs, entre dérision et ironie…

Benjamin trempait alors sa plume dans le vitriol et “punchlinait” en souvenir de ses années rap au sein du groupe Puzzle.

Aujourd’hui ce second album – Deux – sonne comme un nouveau départ.

Benjamin se met à nu ou presque, ne vous affolez pas Mesdemoiselles !
Plus de maturité, moins d’exercice de style, son écriture gagne en profondeur.

S’il cite bien plus volontiers en références des Cioran, Albert Cohen, Céline ou encore Bukowski que des auteurs de chansons, on le découvre sur ce disque vraiment chanteur, sans perdre pour autant son timbre de voix particulier, grave mais chaleureux.
Le chiffre Deux, titre énigmatique de cet opus, souligne bien sûr le fait qu’il s’agisse d’un deuxième album mais il est surtout là pour appuyer la thématique de celui-ci : « Le dédoublement qui s’opère dans l’esprit d’un personnage porteur d’une dualité complexe, l’auteur et l’interprète. »

Un homme a joué un rôle important dans l’accompagnement de cette métamorphose, c’est Frédéric Lo réalisateur notamment des deux albums de la renaissance de Daniel Darc et plus tard du carton Pony Pony Run Run. C’est lui qui su trouver l’écrin idéal pour les compositions de Paulin.
Entre pop new wave des années 80 et electro-pop nerveuse, les dix chansons de Deux forment un ensemble homogène.

Normal puisque son auteur les a conçus comme un tout.

Les harmonies et les mélodies touchent au but comme sur les irrésistibles « Je vais m’envoler », “Variations de Noir” ou sur le troublant “Attendons les Secours” qui accueille à la guitare le génial touche à tout britannique Fink, arrangeur aussi de cette splendide ballade.

Benjamin se fait plaisir en invitant par exemple une légende des studios, l’Anglais Herbie Flowers qui a habillé avec classe de sa basse ronde et bondissante, des disques de légende comme Electric Warriors de T Rex ou Transformer de Lou Reed.

On a maintenant hâte de redécouvrir Benjamin Paulin sur scène  – après ses première parties de philippe katerine, brigitte fontaine – où il sera accompagné par les réputés Rococo.

“Deux” est un album à la fois lumineux et sombre, simple et complexe, introspectif et divertissant. Comme son auteur. Comme son interprète.

Compétences

Posté le

23 mars 2012