ARTE Concert Festival Jour #02
Électro, métro, dodo (bobo)

par Lara Orsal

Photo © Remy Grandroques

Photo © Remy Grandroques

C’est déjà la deuxième soirée du festival, et c’est même une nuit électro qui promet de durer jusqu’au petit matin. On compte sur HVOB, Brandt Brauer Frick, Carl Craig, Kiasmos, Gordon, André Bratten, Ivan Smagghe et Chloé pour nous tenir éveillés !

On prend les mêmes, et on recommence ? Ce samedi 17 avril, ce n’est pas vraiment le même public que la veille, à la Gaîté Lyrique. L’affiche promet une soirée club de haute volée, et c’est une armée de jeunes gens qui défilent (une exception : un monsieur aux cheveux blancs, jamais le dernier sur la piste). Tous paraissent prêts à en découdre avec la transe, à en croire leurs visages ébahis d’avance, et leurs talons qui marquent déjà le rythme dans le hall d’entrée. Même pas peur.

C’est le duo viennois HVOB qui ouvre le bal hypnotique, en jouant Clap Eyes, Window, Ghost, Let’s Keep This Quiet, Azrael, et Dogs. On les rejoint en loges leur demander s’ils regarderaient leur concert en replay, ou un autre, après ? « Haha, bon, déjà, chaque concert est différent, chaque concept est unique, pas évident de choisir entre tous ! Néanmoins, le deuxième show de notre carrière s’est passé au Melt Festival il y a quatre ans, quand on n’avait que 200 fans sur Facebook… Il y avait foule, on n’en revenait pas, il s’est passé beaucoup de choses pour nous suite à ça, alors je crois que je regarderais celui-là !», nous raconte Anna Müller. Et comme on ne veut pas discuter potards avec Paul Wallner, on lui demande plutôt d’inventer son propre instrument et de nous dire comment il sonnerait : « génial ! Je crois que je le fabriquerais avec de la lumière, comme ça, il pourrait avoir des notes sombres ou bien brillantes, des sons flashy, et il pourrait même jouer de la foudre ! » En sortant des loges, on se retrouve nez-à-nez avec CARL CRAIG. On a très envie de poser des questions au grand maître techno, mais on a quand même très peur de mal tomber. On reviendra. Un peu plus tard, avec espoir, on revient. Même pas là.

RAPLY HVOB : http://tinyurl.com/j36dnhc
REPLAY CARL CRAIG : http://tinyurl.com/jukr5bd

Un #FAIL pour un bien ? Peut-être, on dit qu’il faut parfois savoir garder le mystère. Et le live du joyau de Detroit nous console au-delà des mots. Et puis, de toute façon, qui sait véritablement rendre compte d’un DJ set ou d’un live électro ? Qui a le vocabulaire pour cette expérience-là ? Ici, c’est le langage du corps qui prend le dessus, reléguant la parole de chacun à sa fonction première, à savoir, exprimer des besoins vitaux : j’ai soif, j’ai chaud, je t’aime, j’ai encore soif, toi aussi je t’aime, viens on sort prendre l’air. Tout le reste n’est que mains dessinant des ronds en l’air, déhanchés, sourires extatiques, ondes et pulsations. À propos de vibrations, Daniel Brandt nous confie au sortir de son concert avec BRANDT BRAUER FRICK, sa dernière étrange aventure : « je reviens d’un trip dans le désert californien. C’était sec, rude, intense. Mais je me suis senti tellement libre ! On était dans une maison avec des baies vitrées en guise de façades. La nuit, l’alarme se déclenchait sans cesse, mais on ne voyait jamais personne dehors. Les fenêtres et les coffres de voiture s’ouvraient tout seuls, c’était trop bizarre. On n’a jamais su s’expliquer concrètement ce qui se passait, moi je pense qu’il y a tout simplement de drôles de vibrations à cet endroit. »  Même pas mal.

REPLAY : http://tinyurl.com/heajqta

KIASMOS assure un show qui n’a de minimal que le genre : et puis leur techno est aussi expérimentale. Looped, Drawn, Gaunt, Swept, Wrecked, Swayed, Thrown, Burnt, Driven et Bent : le duo islandais enchaîne les titres, le mercure monte de plus en plus dans la Gaîté Lyrique, transformée en véritable boiler-room. À partir de là, tout s’affole : les horloges qui semblent tourner de plus en plus vite, les spectateurs qui font des allers/retours à l’extérieur pour se rafraîchir, les serveurs du bar qui ne désemplit jamais, les esprits et les cœurs sans doute un peu aussi. On vole cinq minutes à GORDON avant qu’il ne monte sur scène, prêt à en découdre avec un public chauffé à blanc. On a posé la même question à tout le monde, mais sa réponse écrase toutes les autres, forcément : si sa musique attirait des extra-terrestres, de quelle planète viendraient-ils ? « De la planète Melmac, évidemment ! Mon pseudo, à la base, c’était Gordon Shumway, le nom complet de l’alien Alf, tu sais, la série télévisée de la fin des années 1980 ? Et donc, Alf venait de la planète Melmac, et j’adore son côté décalé. » Même pas fait exprès.

REPLAY KIASMOS : http://tinyurl.com/z3636oy

REPLAY GORDON : http://tinyurl.com/jpyu3c3

Ensuite, Paris, I love you, but you’re bringin’ me down : on ne sait plus trop, on surnage dans la moiteur. On sait que Gordon puis ANDRÉ BRATTEN ont embrasé la Gaîté, et on sait aussi queCHLOÉ, en B2B avec IVAN SMAGGHE, ont assuré la clôture mémorable qu’on était en droit d’espérer d’eux. On sait que des gens ont tenu jusqu’au bout, eux. Même pas morts !

REPLAY ANDRE BRATTEN : http://tinyurl.com/zukglz2

REPLAY CHLOé B2B IVAN SMAGGHE : http://tinyurl.com/h4f7855