Live-Stories ARTE Concert

ARTE Concert Festival Jour #01
De la pop, du rock et des retrouvailles : chaleur !

par Lara Orsal

Photo © Rémy Grandroques

Photo © Rémy Grandroques

C’est d’abord un monde fou qu’on retrouve à la Gaîté Lyrique, en ce premier jour de cette première édition du ARTE CONCERT FESTIVAL : les places étant parties en deux minutes dès l’ouverture de la billetterie, le public est au rendez-vous, et comme on dit, « il y a de l’attente ». Dans le foyer-bar, les conversations qu’on attrape au vol tournent autour de Divine Comedy, « tu crois qu’il jouera Something For The Week-End ? », « rho la la je l’avais loupé à la Philharmonie, quelle joie de le voir ici ! », et on surprend quelques lignes de Popular de Nada Surf chantonnées de-ci, de-là. OKAY, les gens sont prêts !

Ceux qui sont déjà présents connaissent visiblement la réputation scénique d’OUGHT, on en connaît même qui ne sont venus que pour eux ! Les Canadiens les plus velvetiens de l’écurie Constellation montent d’ailleurs sur scène, et installent tranquillement la promesse d’une montée en tension avec Sun’s Coming Down. Ceux qui ne connaissent pas la puissance de leur jeu sont mis au parfum dès la chanson suivante, l’échevelée The Combo. La salle se remplit peu à peu sur Passionate Turn et ses plans de batterie délicieusement vicieux. La caméra sur grue dessine des va-et-vient dans l’espace au-dessus de nous, douce danse qui contraste drôlement avec le headbanging des uns, et les tap-tap du pied des autres. Men For Miles vient de faire monter en flèche le taux d’adrénaline de tout le monde, et on est mûr pour l’irrésistible urgence de Today More Than Any Other Day. On a tous très très chaud. Heureusement, le groupe a prévu l’accalmie, et le moment de grâce de son Beautiful Blue Sky cueille délicatement  tout le monde. Mais bon, comme l’ADN de ces trois-là, c’est plutôt la furie des guitares, ils clôturent avec Never Better, et personne ne peut s’empêcher de penser à Lou Reed, à en croire les commentaires qu’on entend à la sortie. #aveu

REPLAY : http://tinyurl.com/zec7tb2

À quel moment joueront-ils leur grand tube Popular ne paraît pas être la question pour les fans de Nada Surf, qui les attendent de pied ferme : c’est plein à craquer ! On repère à peine les cadreurs dans la foule, seuls les points rouges des caméras trahissent leur présence au détour d’une épaule. Ça nous rend curieux, on décide d’aller voir comment se passent les choses du côté de la régie. Ok, s’il fait chaud dans la salle, ce n’est rien en regard de l’ébullition qu’on découvre au quatrième étage : les ventilateurs brassent un air tropical pendant qu’une cinquantaine de personnes s’activent. « 5, 4, 3, 2, 1 : top générique ! » Il y a des écrans de toutes les tailles partout, des disques durs, des machines dont on ne connaît même pas le nom, des ingénieurs du son qui courent la perche à la main, une animatrice qui se concentre, et tous parlent une langue inconnue : dir’prod’, conducteur, liaison satellite, scripte, « on shunte ! on shunte ! on passe de l’autre côté ! ».

On repasse de l’autre côté aussi, on ne veut pas déranger, c’est fou comme ces gens travaillent dur !Cold To See Clear, Whose Authority, Believe You’re Mine, Happy Kid, Inside of Love : Nada Surf a déjà enchaîné les singles, et c’est un public en pleine célébration du rock FM américain qu’on rejoint dans la salle. Un moment country nous surprend avec Animal, mais c’est pour mieux nous prendre avec la tubesqueThe Way You Wear Your Head. Ensuite, ça trace à nouveau, comme sur les autoroutes US : Friend Hospital, When I Was Young, Out Of The Dark, et See These Bones défilent, bandes blanches et sonores. Ha ! C’est l’heure de Popular ! ENFIN ! On n’en pouvait plus d’attendre, nostalgie générationnelle oblige. Always Love et Hyperspace achèvent de nous convaincre qu’on verra encore souvent NADA SURF à l’affiche des salles de concert.

REPLAY : http://tinyurl.com/hjurehy

ANNA B. SAVAGE est venue de Londres avec sa rage contenue et sa guitare-sœur, qu’elle serre contre elle comme une précieuse alliée quand elle s’accorde, dans la foule du foyer-bar. Les titres de ses chansons parlent d’elle : Fight Nice, c’est ce qu’elle fait, d’une détermination douce. Also Human I sonne comme une acceptation, des cordes malmenées avec tendresse, des notes distordues comme la vie. Something Of An End est trompeur, puisque le dyptique I et II suivra, révélant une Anna concentrée, habitée par ce qu’elle joue, tourmentée puis grâcile, happant le public peu à peu, malgré les lumières et les caméras qui tournent juste à côté des reportages d’ARTE, et les bars qui tournent à plein régime. Belle prouesse, elle nous a donné envie de retourner la voir en concert aussi vite que possible !

REPLAY : http://tinyurl.com/h67473h

Quelques instants à peine, et voici que Neil Hannon avance dans le salon de sa grand-mère irlandaise. Si, si. Ce n’est plus vraiment une scène, ça n’y ressemble plus. Ça ne tient à rien : une tenture dans le fond, une muse romantique et des couleurs pastel. Une lampe avec un abat-jour à franges, comme chez tous les grands-parents du monde entier. Une méridienne en cuir posée le long du plateau qui surélève la batterie. La setlist est bien trop longue pour qu’on vous raconte chaque morceau, et puis de toute manière, THE DIVINE COMEDY en concert, ça ne se détaille pas : ça se vit, ou ça se raconte, mais ce n’est jamais une histoire de chronologie. Pourquoi ? Parce que le temps se suspend dans un intime collectif. Parce que ce dandy-crooner malgré lui tient la scène comme personne. Bon d’accord, on vous connaît, vous les collectionneurs de setlists et votre plaisir un peu masochiste à  »au moins savoir » quelles chansons vous avez loupées : heureusement que vous allez pouvoir vous venger ! Allez, d’accord, on vous dit tout : et pour commencer, les scoops ! Quatre nouvelles chansons ce soir, que vous pourrez repérer grâce à la magie des astérisques ci-après : Drinking Song, Assume The Perpendicular, Indie Disco, To The Rescue*, Funny Peculiar*,Something For The Week-End, Sweden, Generation Sex, Catherine The Great*, Mastermind, Lady Of A Certain Age, Songs Of Love, Bang Goes The Knighthood, Down In The Street Below, Other People*, Our Mutual Friend, Tonight We Fly. En rappel, National Express, Charmed Life et en cerise sur le gâteau d’anniversaire (7 ans!!) d’ARTE Concert, la mythique Lucy  jouée solo par Neil Hannon, en acoustique. Allez, zou, filez donc regarder le replay ! http://tinyurl.com/j8qlb53 Vous verrez quels invités au micro j’ai passés sous silence. On ne va pas non plus tout vous  »spoiler » ! On se retrouve demain, pour le récit de la deuxième journée, placée sous le signe de l’électro, du ARTE Concert Festival !