C’est dans un tourbillon obsessionnel sur la notion du temps que Les Breastfeeders ont composé la majeure partie de leur troisième opus intitulé Dans la gueule des jours, en magasin depuis le 8 mars 2011, sur l’étiquette Blow The Fuse.
Heureux mélange de questionnements philosophiques et de rock’n’roll toujours aussi percutant, le groupe présente ses treize pièces comme des tableaux dessinant chacune de leurs réflexions face à la temporalité, ce concept développé par l’être humain qui comporte toujours un questionnement profond; le temps est-il une fabrication ou un concept intrinsèque à la nature? Une longue réflexion se tapisse donc derrière un album rock entraînant, à saveur pop, où comme toujours, Les Breastfeeders n’en font qu’à leur tête en brouillant les cartes et s’éloignent des stéréotypes qui accompagnent souvent les genres musicaux.
Dans la gueule des jours cache, sous son rock tonitruant, des paroles empreintes d’une dimension littéraire frappante. Écrits pour la plupart au petit matin, les textes contenus sur l’album livrent un hymne joyeux et réaliste à cette notion du temps qui défile et qui nous glisse entre les doigts.
C’est à travers une poésie nocturne qui parle au soleil que les Breastfeeders transportent l’auditoire dans un monde imagé: Est-ce que ce sont les jours qui finalement nous avaleront? Prenons-nous naissance lorsque le jour nous recrache? Serait-ce la vérité toute nue sous le soleil aveugle? L’aube ou le crépuscule à la chasse aux ombres? Qu’en savons-nous? Ce qui est certain, c’est que les Breastfeeders repoussent encore une fois les limites de leur rock n’roll pop hybride, n’hésitant pas à ralentir le tempo et à laisser entrer en studio un quatuor à corde; à hacher menu une rythmique à l’aide d’un diable de marimba sud-américain; à coller sur le fuzz d’une guitare une chorale d’enfants sauvages ou bien à partir sur un doux songe éveillé avec la musique ondulée d’un orgue de fête foraine… Fidèles à leurs rutilantes guitares d’avant le déluge, jamais ils n’avaient autant fait ressortir les différentes textures de leurs six-cordes et les rocks bondissants s’enchaînant aux délires des morceaux plus azurés dans un ciel d’éther et de feu.
Notons la collaboration d’Étienne Charry (co-fondateur avec Michel Gondry, Gilles Chapat et Nicolas Dufournet du groupe pop-rock Oui Oui formé à la fin des années 80) qui à écrit et composé l’une des pièces de l’album, Manteau de froid. Ce nouvel album, riche en harmonies vocales et en refrains accrocheurs, fut enregistré au studio Stock Market à Montréal et réalisé par Joseph Donovan, Adrian Popovich et les Breastfeeders eux-mêmes.
Dans la gueule des jours sera peut-être l’album des Breastfeeders qui se dansera le mieux…